Les avertisseurs de radars inefficaces

Une circulaire gouvernementale incite les préfets à multiplier le nombre de « zones dangereuses », rendant ambiguë la détection des radars.

Le 29 novembre 2011,

Depuis hier, les avertisseurs de radars, ces appareils que 6 millions d'automobilistes français collent sur leur tableau de bord pour éviter d'être flashés, deviennent des « outils d'aide à la conduite ».

Conformément à un accord passé entre le gouvernement et les fabricants, ils ne bipent plus pour signaler l'emplacement exact d'un radar mais une zone de danger plus ou moins étendue selon le réseau routier. Si l'efficacité des appareils reste pratiquement la même aujourd'hui, puisque chaque zone correspond à la présence d'un radar, elle le restera pour une très courte durée! En effet, à l'occasion d'une nouvelle mise à jour programmée pour la mi-décembre, les appareils deviendront, en un clin d'œil, totalement inoffensifs et inutiles à leurs propriétaires.

A cette date, le gouvernement instillera une nouvelle liste, très fournie, de zones dangereuses. Chaque préfet a été invité, par l'intermédiaire d'une circulaire à fournir très rapidement une carte routière départementale des zones à danger. « Une consigne orale a été donnée aux préfets de rassembler dix fois plus de zones que de radars, raconte sous couvert d'anonymat un ingénieur de travaux publics. Dans un département avec 25 radars fixes par exemple, pas moins de 250 zones de danger ont été compilées, ce qui veut dire qu'un automobiliste sera prévenu seulement une fois sur dix de la présence d'un radar! » Autant dire que les « outils d'aide à la conduite » émettront très fréquemment des bips, qui ne voudront plus rien dire. Ils perdront instantanément tout intérêt aux yeux des automobilistes cherchant à éviter les amendes pour excès de vitesse. La méthode utilisée pour identifier ces zones à risques fait également hurler les professionnels de la route.

Toujours selon la circulaire, toutes les voies signalées par un panneau de danger — il en existe 28 dans le Code de la route — ou encore celles dont la limitation de vitesse ne correspond pas à la norme (une route nationale à 70 au lieu de 90 par exemple) sont ainsi éligibles au statut de « zones de danger ». « En ne donnant que quelques semaines aux préfets, qui avaient jusqu'au 21 octobre pour rendre leur copie, mais aussi en prenant des critères complètement absurdes techniquement ou en termes de sécurité routière, on comprend l'objectif de la démarche, dénonce Thierry Latger, secrétaire général du Snitpect-FO (Syndicat national des ingénieurs des travaux publics de l'Etat et des collectivités territoriales).

Il s'agit de brouiller au maximum l'information sur la position des radars fixes. Dans certains départements (NDLR : comme celui de la Sarthe) les services de gestion de voirie et mêmes certaines sociétés d'autoroutes ont été jusqu'à refuser de collaborer avec les services de l'Etat pour l'établissement des cartes. » La question des radars reste toujours aussi sensible.